La migration interprovinciale, c'est-à-dire entre les provinces et/ou les territoires, est un élément fondamental des dynamiques démographiques au Canada. Ce phénomène contribue non seulement à l'accroissement démographique différentiel des régions du pays mais témoigne aussi de leurs disparités économiques, culturelles et sociales. De ce fait, la migration interprovinciale a des répercussions importantes dans l'élaboration et l'évaluation de plusieurs politiques publiques des différents paliers gouvernementaux (fédéral, provincial/territorial, municipal).

Statistique Canada estime l'effectif de migrants interprovinciaux de façon indirecte à partir de différentes sources fiscales. Ces estimations sont calculées en comparant les adresses des individus à différents moments dans le temps et sont requises pour des mois, des trimestres et des années. Jusqu'à tout récemment, en raison des limites des données disponibles, le concept de migration interprovinciale des estimations provisoires différait passablement de celui des estimations définitives. Les estimations provisoires mensuelles étaient calculées à partir des données agrégées de la Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE) disponibles à chaque mois. Ce programme fédéral vise à aider financièrement les familles avec enfants grâce à l'envoi de chèques mensuels et couvre la quasi-totalité des enfants du pays. Des matrices provisoires trimestrielles et annuelles étaient ensuite construites en additionnant les estimations mensuelles. Pour leur part, les estimations définitives de l'effectif de migrants interprovinciaux étaient dérivées des déclarations de revenus annuelles des particuliers. Ces effectifs estimatifs étaient ensuite répartis pour obtenir des estimations mensuelles et trimestrielles. Ainsi, les estimations définitives annuelles de l'effectif de migrants interprovinciaux étaient calculées à partir d'une matrice annuelle alors que les estimations provisoires l'étaient grâce à la somme de douze matrices mensuelles.

Ces différences conceptuelles influaient considérablement sur la comparabilité des flux migratoires. Si l'effet sur le solde de migration interprovinciale des provinces et territoires était modéré, les estimations provisoires surestimaient l'effectif annuel de migrants interprovinciaux de plus de 20 % par rapport aux estimations définitives. Cette surestimation créait une certaine confusion pour plusieurs utilisateurs et menait régulièrement à des interprétations erronées des tendances.

Cette communication a pour objectif de présenter comment les microdonnées de la PFCE nouvellement disponibles sont utilisées afin d'harmoniser les flux provisoires et définitifs de migration interprovinciale. Ces microdonnées permettent en effet de réduire les différences conceptuelles de deux façons. Tout d'abord, elles permettent la création de matrices trimestrielles et annuelles pour les estimations provisoires. Ensuite, du côté des estimations définitives, elles rendent possible une meilleure simulation de matrices mensuelles et trimestrielles à partir des matrices annuelles tirées des déclarations de revenus des particuliers. Finalement, des ajustements sont apportés afin de faire correspondre les soldes de la migration interprovinciale qui couvrent des périodes communes; par exemple les douze mois constituant une année.

L'analyse des résultats a révélé que les estimations obtenues à partir de ces nouvelles microdonnées a permis de réduire substantiellement les incohérences entre les flux provisoires et définitifs. Cette approche novatrice a été utilisée pour la première fois par Statistique Canada lors de la production des estimations démographiques diffusées en septembre 2015.