La transformation de la Région parisienne depuis la Seconde Guerre mondiale : analyse des trajectoires géographiques des générations de Franciliens (1930-1950)
Catherine Bonvalet  1, *@  , Arnaud Bringe  2, *@  , Christophe Imbert  3, 4, *@  
1 : Institut National d'Etudes Démographiques  (INED)
INED
2 : Institut National d'Etudes Démographiques Paris  (INED)  -  Site web
INED
3 : Institut National d'Etudes Démographiques Paris  (INED)
INED
4 : Migrations internationales, espaces et sociétés  (MIGRINTER)  -  Site web
CNRS : UMR6588, Université de Poitiers
Maison des Sciences de l'Homme et de la Société 99 avenue du Recteur Pineau 86000 POITIERS -  France
* : Auteur correspondant

Cette communication a pour objectif de suivre les transformations urbaines à partir des comportements de mobilité des Franciliens en tenant compte des changements de la structure sociale à l'échelle des communes provoqués en partie par ces mobilités individuelles. L'enquête Biographies et entourage, de l'INED réalisée en 2000 recense toutes les caractéristiques des logements habités plus d'un an par les enquêtés (localisation, statut d'occupation, taille et type de logement). Il est ainsi facile de suivre toutes les migrations effectuées au cours du cycle de vie et d'étudier comment la répartition des générations nées entre 1930 et 1950 dans l'espace parisien s'est modifiée avec le temps. Les cohortes étudiées ont comme caractéristique d'avoir connu les grands changements urbains qui ont marqué la seconde moitié du XXème siècle. Agés de 50 à 70 ans au moment de l'enquête, les enquêtés ont subi de plein fouet la crise du logement d'après-guerre, ont vécu pour certains l'exode rural, assisté ensuite aux grandes constructions des années 1960, à la rénovation urbaine et au phénomène massif de la périurbanisation. Ils ont surtout, pour la majorité d'entre eux, profité du développement du crédit avec les prêts du Crédit foncier et la création de l'épargne logement, bénéficié de « l'âge d'or de l'accession à la propriété » à l'époque où l'inflation avait pour effet d'alléger rapidement les mensualités d'emprunt. Ils ont également bénéficié de la progression du taux d'équipement automobile, du développement des infrastructures (autoroutes, RER) et de la baisse des coûts de transport. Grâce à cela ils ont pu, aidés par l'industrialisation de la production de maisons individuelles, participer au renouveau du modèle pavillonnaire. Ils ont été ainsi les « pionniers de la périurbanisation » inventant un mode de vie urbain en zone rurale (Berger, 2004) ; on les retrouve militants associatifs dans les « nouveaux villages » et dans certains cas acteurs à part entière de la construction des villes nouvelles (Imbert, 2012) ; on les compte, enfin, parmi les « pionniers de la gentrification » qui réinvestissent dans les centres villes en transformant radicalement le paysage social de certains arrondissements des centres anciens (Bidou- Zachariasen, 2003, Authier, 2008...). La migration vers Paris a constitué l'un des moments forts de leur trajectoire qu'elle se soit passée durant leur enfance ou à l'âge adulte. Seuls 39 % des enquêtés de la génération 1930-1950 présents sur le territoire francilien en 2000 sont Franciliens de naissance. Les autres, originaires de province (35 %) ou de l'étranger (24 %) sont arrivés plus tard (Bonvalet, Bringé, 2012). Ils sont pour la plupart passés d'un mode de vie à la campagne ou dans les petites villes, de la ferme ou de la maison à l'habitat collectif dans la capitale ou sa banlieue. Ainsi l'histoire résidentielle des générations 1930-1950 est-elle particulière parce qu'à la charnière entre deux mondes : la société rurale du début du XXème siècle qu'ils ont connue enfants et la société hypermoderne du XXIème siècle à laquelle ils ont contribué (Ascher, 2005).

 Après avoir retracé l'évolution de l'agglomération parisienne depuis 1950 à partir des recensements de 1954 à 1999, nous étudierons la diversité des trajectoires géographiques des Franciliens selon les générations et essayerons de montrer celles qui ont le plus contribué aux changements du peuplement de Paris et sa région, c'est-à-dire les générations qui ont été les pionnières de la périurbanisation, notamment par leur installation dans les villes nouvelles.

Pour répondre à ces questions nous appliquerons la méthode d'appariement optimal aux données de l'enquête Biographies et entourage. L'objectif est de classer l'ensemble les trajectoires géographiques pour les différentes générations de la population enquêtée selon leur degré de similarité afin d'en réaliser une typologie. Après avoir codé au préalable les trajectoires individuelles de manière adaptée, elles sont comparées deux à deux. Il en résulte une matrice de similarités entre trajectoires, analysée par une classification automatique hiérarchique. Les trajectoires sont ensuite regroupées en classes selon leur degré de similarité. Les classes sont in fine caractérisées à l'aide de variables sociodémographiques. Nous avons considéré uniquement les parcours géographiques que les enquêtés ont suivis depuis leur premier logement indépendant (c'est-à-dire en dehors du domicile familial, mais pouvant être chez l'employeur) de façon à pouvoir étudier finement les arbitrages de localisation qu'ils ont effectués au cours de leur vie en fonction des événements familiaux et professionnels.


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