Mobilités résidentiellles et dynamique démographique dans le périurbain bourguignon
Maryse Gaimard  1, *@  , Matthieu Gateau@
1 : Centte georges Chevrier UMR 7366 uB-CNRS
CNRS-UB
Université de Bourgogne Esplanade Erasme 21000 Dijon -  France
* : Auteur correspondant

Comme de nombreuses régions françaises à dominante rurale, la Bourgogne est caractérisée par le vieillissement de sa population et par une très faible croissance démographique (environ 0,1 % par an depuis le début des années 1990). Constituée de quatre départements (Yonne, Côte d'Or, Nièvre et Saône et Loire), la Bourgogne enregistre une faible densité (52 hab/ km2)et sa population est très inégalement répartie, avec des zones de croissance autour des pôles urbains situés dans le prolongement de l'axe rhodanien (Dijon, Chalon, Mâcon) ou, dans une moindre mesure, à proximité de l'Ile de France (Sens, Auxerre). La présence des réseaux ferrés et autoroutiers expliquent aussi le relatif dynamisme de ces zones et leur concentration autour de ces infrastructures. Si neuf grandes aires urbaines (+ 10 000 emplois) réunissent les deux tiers (66%) de la population régionale et couvrent ainsi 34 % du territoire, des secteurs entiers sont en voie de désertification comme la Nièvre et le Morvan. Malgré cette situation, il existe des espaces qui affichent une croissance qui ne se dément pas : il s'agit des territoires périurbains qui ont vu leur population croître de 37 % depuis 1999[1].

Attirant une population socialement moins homogène que ne le montrent certains travaux (Guilluy, 2010 ; Débroux, 2013 ;), les espaces périurbains constituent un laboratoire idéal pour actualiser les connaissances sur les stratégies et les pratiques résidentielles dans lesquelles l'accession à la propriété, souvent pavillonnaire, reste une norme ou un idéal qui participe d'un sentiment « d'estime et de respectabilité sociale » (Girard et Rivière, 2012). D'une manière générale, les jeunes couples avec enfants (ou en projet) comme les primo-accédants, quand ce ne sont pas les mêmes, y sont particulièrement représentés. Les membres des classes populaires en ascension sociale ou ceux des classes moyennes (Cartier et al., 2008 ; Gateau, 2016) sont également nombreux à venir s'y établir, parfois dans la durée lorsque sont réunies les conditions d'un d'ancrage territorial local. Mais le périurbain est aussi composé de populations « autochtones », avec des individus et des ménages caractérisés par une mobilité circulaire (Levy, 2003) qu'il faut lire au prisme des carrières familiales et professionnelles comme des ressources économiques, mais aussi sociales, disponibles. Enfin, et c'est particulièrement le cas en Bourgogne, le périurbain agglomère aussi une population vieillissante, parfois captive (Rougé, 2009) mais aussi appelée à entrer dans une nouvelle période de mobilité, notamment lorsque le maintien à domicile devient problématique (problème d'autonomie, de santé, d'entretien des pavillons, d'isolement...).

En questionnant les trajectoires résidentielles (Authier et al., 2010) des périurbains bourguignons, cette communication souhaite mettre en lumière les difficultés qu'éprouve un territoire majoritairement rural et vieillissant pour demeurer attractif, renouveler sa population et s'adapter au vieillissement, voire, à terme, pour éviter un phénomène de dépeuplement qui peut sembler inéluctable.

Après une présentation du territoire bourguignon et de ses spécificités économiques, géographiques ou sociales, l'accent sera mis sur les tendances et indicateurs démographiques du vieillissement en Bourgogne avant que ne soient restituées quelques trajectoires résidentielles types illustratives des grandes tendances locales en la matière. Enfin, un dernier temps insistera sur les difficultés de renouvellement de la population locale et ses effets sur la structure de la population et le dynamisme du territoire. La démonstration sera appuyée, sur son versant empirique, sur deux enquêtes qualitatives récentes menées auprès d'une soixantaine de ménages ainsi que sur une analyse statistique des données démographiques bourguignonnes.

bibliographie

- Authier J.-Y. (dir., 2010), Etat des lieux sur les trajectoires résidentielles, Paris, PUCA.

- Cartier M. et al. (2008), La France des « petits-moyens ». En quête sur la banlieue pavillonnaire, Paris, La Découverte.

- Debroux J. (2013), « S'assurer une position résidentielle en zone périurbaine : des pratiques résidentielles marquées par l'origine, la trajectoire sociale et les perspectives de mobilité professionnelle », Regards Sociologiques, n°45/46, p. 219-231.

- Gateau M. (2016, à paraître), « Choix pavillonnaire, sociabilités et ancrage résidentiel en zones périurbaines. Le cas des classes moyennes supérieures dijonnaises », in Costes L., Mandon O., Les territoires du périurbain : quelles formes ? (à paraître).

- Girard V., Rivière J. (2012), « Grandeur et décadence du « périurbain ». Retour sur trente ans d'analyse des changements sociaux et politiques », Metropolitiques, URL : http://www.metropolitiques.eu/Grandeur-et-decadence-du.html.

- Guilluy C. (2010), Fractures françaises, Paris, Bourin.

- Lévy J.-P. (2003), « Peuplement et trajectoires dans l'espace résidentiel : le cas de la Seine-Saint-Denis », Population, n°3, p. 365-400.

- Rougé L. (2009), « L'installation périurbaine entre risque de captivité et opportunités d'autonomisation », Articulo - Journal of Urban Research, n°5. URL : http://articulo.revues.org/1440.


[1] Soit 129 000 personnes supplémentaires


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