Migrations résidentielles et dynamiques démographiques dans les villes de Yaoundé et Douala au Cameroun
Joelle Ngoufo  1@  
1 : Bureau Central des Recensements et des Études de Population  (BUCREP)  -  Site web
B.P 12932 - BUCREP - Yaoundé -  Cameroun

Pays d'Afrique subsaharienne, le Cameroun est situé en Afrique Centrale. Il est subdivisé en 10 régions administratives. Les deux plus grandes villes du pays sont : Yaoundé, la capitale du pays et Douala, la capitale économique du pays.

Comparativement aux autres circonscriptions administratives du pays, ces deux métropoles présentent des caractéristiques démographiques particulières notamment leur taille démographique : elles représentent 22% de la population nationale et 45% de la population urbaine du Cameroun (Recensement démographique de 2005).

Les niveaux et tendances de mortalité, de fécondité et de migrations des populations de Yaoundé et Douala s'écartent de ceux des autres circonscriptions administratives du Cameroun. De fait, ces deux villes enregistrent les niveaux de fécondité les plus faibles du pays : l'indice conjoncturel de fécondité (ICF) est de 3 enfants par femme contre 4,5 enfants dans les autres villes et 6 enfants en milieu rural (EDS 1998, 2004, 2011).

En ce qui concerne la mortalité, les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) révèlent également que Yaoundé et Douala ont les indicateurs de mortalité infantile les plus faibles depuis plus de trois décennies : moins de 60‰ et environ 80‰ en milieu rural. Par ailleurs, la mortalité générale dans ces deux villes (estimée à partir des données du recensement de 2005) y est également la plus élevée du pays (NGOUFO, 2015).

Par ailleurs, les flux migratoires y sont importants. En effet, lorsque l'on observe les tendances des migrations récentes (observées au cours des 5 années précédant le recensement), les villes de Yaoundé et Douala accueillent plus de 40% des immigrants interrégionaux du pays et plus du quart des immigrants internationaux (Recensement démographique, 2005). Parallèlement, l'indice de rétention[1] de Yaoundé est de 93% et celui de Douala 97% (BUCREP, 2011 c).

Ainsi, au regard des particularités que présentent les villes de Yaoundé et Douala et de leur capacité d'attraction, l'on peut se poser la question suivante : Quelle est la contribution des populations issues des migrations résidentielles aux niveaux de mortalité et de fécondité observés dans les villes de Yaoundé et de Douala ?

En d'autres termes, y aurait-il vers ces villes, une migration sélective des populations ayant un niveau de morbidité élevée et une faible fécondité? Ou encore, vu sous un autre prisme, les populations sédentaires de Yaoundé et Douala seraient-elles moins fécondes et plus exposées à des facteurs qui accroîtraient leurs risques de décès ? Ces questionnements en induisent un autre : au cours de leur processus de socialisation, les immigrants modifieraient-ils leur comportement de mortalité et de fécondité pour se rapprocher de celui de leur territoire d'accueil.

L'objectif général de cette étude est de mettre en exergue les échanges migratoires qui s'opèrent dans les villes de Yaoundé et Douala et qui contribueraient à modifier les niveaux de mortalité et de fécondité de ces métropoles.

L'étude vise spécifiquement à :

  • dégager le profil des immigrants des villes de Yaoundé et Douala ;
  • mettre en relief les différences de niveaux de mortalité de Yaoundé et Douala selon le statut migratoire des ménages, particulièrement entre les ménages dont le chef de ménage est sédentaire et ceux dont le chef de ménage a immigré.
    • apprécier les niveaux différentiels de fécondité selon le statut migratoire[2] des femmes résidant dans ces villes.

[1] Capacité pour une entité territoriale à conserver ses natifs.

[2] Le statut migratoire est défini en fonction de la situation de l'individu par rapport à la migration et la durée de l'immigration : sédentaire, immigrant récent, immigrant de durée moyenne ou immigrant de longue durée.


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