Trajectoire résidentielle des classes populaires urbaines
Sarah De Laet  1@  
1 : Institut de Gestion de l'Environnement et d'Aménagement du Territoire - ULB (BELGIUM)  (IGEAT)  -  Site web

La communication que j'entends présenter est le fruit d'un travail de recherche doctoral mené depuis un an et demi à l'Université Libre de Bruxelles. Cette dite recherche s'intègre dans les axes deux et trois de ce colloque. Je travaille en effet sur le renouvellement des espaces résidentiels dans une supra-région Bruxelloise, en apportant un focus particulier aux trajectoires des classes populaires, et phénomènes plus récents et jusqu'alors peu étudié en Belgique : les trajectoires centrifuges des ménages populaires. C'est ce focus que je souhaite aborder lors de ce colloque.

A Bruxelles comme dans d'autres villes européennes, la périurbanisation n'est plus l'apanage des classes moyennes et supérieures. Bien qu'elle demeure essentiellement le fait de familles au profil socio-économique plus élevé que la moyenne des ménages urbains, la diversification du profil des ménages prenant part au phénomène de périurbanisation témoigne de, et agit sur, les reconfigurations socio-spatiales des espaces récepteurs et émetteurs.

Dans ce contexte, nous portons plus particulièrement notre attention sur les classes populaires. En effet, il s'agit des populations disposant des possibilités les plus restreintes en matière de mobilité résidentielle, tant en ce qui concerne le type de logement, le régime d'occupation et sa localisation. De plus, du fait du faible taux de logements sociaux en Belgique et parce que les classes populaires sont moins souvent propriétaires, elles sont les plus touchées par les évolutions du marché immobilier.

Nous souhaitons interroger les liens entre classes populaires et périurbanisation à travers plusieurs hypothèses. Dans un contexte économique difficile, de la raréfaction des emplois à faible qualification et de leur précarisation, le logement occupe-t-il une place primordiale dans les stratégies de sécurisation économique des ménages populaires ? Quelles conséquences le phénomène de périurbanisation engendre-t-il sur l'organisation des ménages (transport, accès aux réseaux d'emploi, travail féminin, ...) ? Finalement, quel éclairage la migration résidentielle peut-il apporter sur les clivages décrits par plusieurs auteurs au sein des classes populaires (précariat, ...) ?

Dans un premier temps, nous envisagerons ces questions sous un angle quantitatif, dont nous présenterons les premiers résultats à l'occasion de notre communication. Deux volets structureront celle-ci :

D'une part, sur base de données individuelles récentes (2005-2013), nous analyserons les profils des migrants, en nous intéressant particulièrement aux individus des classes moyennes inférieures et populaires. Quels sont les espaces récepteurs et émetteurs de ces migrants ? Quels évolutions ces espaces particuliers ont-ils connus ces 15 dernières années ?

Via des régressions sur ces mêmes données individuelles, nous chercherons aussi à mettre en évidence les facteurs influençant la propension à migrer au sein des classes populaires étudiées.

Outre apporter des résultats inédits concernant la spatialisation et l'importance du phénomène de périurbanisation des classes populaires, l'analyse quantitative nous permettra par ailleurs de dégager des tendances collectives.

Ensuite, nous présenterons les premiers résultats du volet qualitatif de cette recherche. Puisque corrélation n'est pas raison, et afin de faire le lien entre tendances collectives et parcours de vie des individus, nous aurons entamé une phase d'interviews semi-dirigés avec des ménages populaires, définis sur base des critères socio-économique et socio-culturel utilisé dans la phase qualitative. Ces ménages auront été contacté via les maisons médicales du peuples de Bruxelles. Il s'agira de comprendre les « raisons » de la migration de ces ménages, mais également les éléments sous-tendant leur choix géographique (présence de famille, d'amis, communauté, opportunité financière, rêve d'ascension sociale, ...). Enfin, nous chercherons à comprendre ce que la migration implique modification dans la gestion quotidienne du ménage, et comment les habitudes et les activités se déploient dans ce nouvel espace.



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