Les jeunes sont confrontés à plusieurs problèmes à l'heure de chercher un emploi, surtout lorsqu'il s'agit des jeunes nouvellement diplômés et sans expérience. Ces problèmes conduisent souvent à la mobilité spatiale dans l'espoir de trouver un emploi en dehors du milieu d'origine. L'étude porte sur les jeunes de 15-29 ans.

Problématique 

L'une des tendances mondiales les plus importantes de ces dernières décennies est sans doute la montée incessante des flux migratoires. Cependant, le niveau élevé de ces flux migratoires présente des similitudes et des différences selon les continents et les pays. Selon le rapport du PNUD de 2013, près de 54% des jeunes en Afrique avaient émigré principalement en Europe dans l'espoir de trouver un emploi. Au Congo, la situation des jeunes de 15 -29 ans qui quittent leur lieu de résidence en espérant trouver un emploi ailleurs se caractérise en partie par un niveau de chômage élevé (19,5% ; ESSIC,2012) et les mesures limitées de politiques locales pour l'emploi en vue de faciliter l'insertion des jeunes dans le marché de l'emploi. De nos jours au Congo, cette situation demeure préoccupante en ce sens que, malgré de gros effort consentis tant en matière de politique de croissance économique, qu'en matière de création d'emploi, le pourcentage des sans emploi reste élevé. Dans ce contexte, les jeunes congolais recourent aux expédients dont la mobilité spatiale, un phénomène qui mine le pays et qui prend de l'ampleur au fur et à mesure que se dégradent les conditions sociales et économiques des jeunes congolais.

Partant de ce constat, il nous semble important de comprendre les raisons qui déterminent la mobilité spatiale des jeunes congolais âgés de 15 à 29 ans. C'est donc par l'étude des déterminants de la mobilité spatiale liée à l'emploi, tout en caractérisant les jeunes concernés que nous allons tenter de comprendre pourquoi certains jeunes congolais préféraient aller chercher du travail ailleurs plutôt que dans leur milieu d'origine, même lorsque ceux-ci possèdent des qualifications et des compétences. Quels sont les facteurs d'inégalités face à la mobilité?

Nous faisons l'hypothèse qu'en dehors des autres facteurs, le fait d'avoir un ami, une relation ou un parent dans le territoire de destination aurait une influence prépondérante sur les mobilités des jeunes de 15 à 29 ans au Congo.

Aperçu du cadre théorique

L'analyse de la mobilité liée à l'emploi a plusieurs courants théoriques qui alimentent les débats scientifiques. Parmi ces courants, on peut citer la théorie du chômage de prospection développée par Mc Call (1970), la théorie du capital humain développée par Becker G. (1994) et les approches sur les réseaux sociaux et l'emploi.

Intérêt scientifique

Au delà du fait que notre étude vient compléter la littérature très peu abondante de la mobilité spatiale au Congo, l'intérêt scientifique de cette recherche peut être soutenu par l'essai de l'utilisation d'un modèle économétrique global. En effet, les analyses sur l'emploi s'appuient principalement sur les approches fondées sur les salaires (Pigou 19 ; Mc Call 1970) ou encore sur les caractéristiques individuelles des travailleurs (Becker1994 ; Spence 1973). Or les travaux de modélisation théorique et d'estimation économétrique élaborés à partir de ces approches ne prennent pas en compte la dimension spatiale, pourtant indispensable lorsqu'il s'agit d'intégrer les spécificités spatiales des zones concernées dans le modèle de simulation afin de mieux éclairer les décideurs publics sur l'opportunité, lorsque ceux-ci sont confrontés au choix d'une politique locale pour l'emploi parmi plusieurs. Dès lors, les variables socio-démographiques ou socio-économiques classiques ne sont plus suffisantes pour expliquer les mobilités spatiales liées à la recherche de l'emploi. Tenant compte du fait que les variables socio-démographiques ou socio-économiques classiques ne suffisent pas pour analyser la mobilité des individus sur les questions de l'emploi, notre recherche propose une démarche prenant en compte l'articulation de plusieurs facteurs tout en mobilisant principalement les variables tenant compte du milieu social.

Méthodologie

L'approche retenue consiste dans un premier temps, à identifier et caractériser les différences d'accès à l'emploi des jeunes en tenant compte principalement des écarts d'employabilité, de compétition et de discrimination entre les différents départements. Les indicateurs utilisés pour mettre en lumière ces écarts sont entre autres : le taux d'activité, le ratio emploi/population, le pourcentage des jeunes migrants occupés selon le sexe, etc. Nous faisons appel dans un deuxième temps à la modélisation statistique pour estimer les probabilités d'accès à l'emploi. Pour cela, les probabilités des migrants d'accéder aux emplois dans les différents département seront estimées à l'aide du modèle logit multinomial.Ce modèle se justifie par la présence d'une variable latente associée à la situation de l'individu i vis-à-vis de la mobilité. On observe Ei=1 si l'individu i est un migrant occupé (employé) et Ei = 0 sinon. X est un vecteur de variables explicatives et β les coefficients associés estimés par le modèle. Comme variables explicatives, nous avons par exemple le mode de recherche d'emploi, la durée théorique de scolarité, l'âge, la situation matrimoniale, etc... 

a) Sources de données

Les données utilisées pour cette étude seront principalement les Déclarations annuelles de données sociales (DADS) renseignées dans les annuaires statistiques du Congo, l'Enquête sur l'Emploi et le Secteur informel au Congo (EESIC) de 2012, le Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2007, les deux enquêtes de consommation auprès des ménages.(ECOM I et ECOM II)

Résultats attendus

- les déterminants de la mobilité liée à l'emploi des jeunes de 15 – 29 ans à au Congo seront identifiés ;

- ces déterminants seront hiérarchisés par ordre d'importance pour permettre de mieux saisir le problème étudié ;

- les facteurs d'inégalités de la mobilité entre jeunes de 15 – 29 ans sont identifiés.