Migrations de retraite : choix délibéré et contrainte socio-économique
Jean-Paul Sanderson  1@  
1 : Centre de recherche en démographie - université catholique de Louvain  (DEMO-UCL)  -  Site web

Le parcours résidentiel des individus est marqué classiquement par plusieurs étapes déterminantes (Sebille, 2009 ; Bonvalet et al., 2007) :

- le départ du foyer parental et la mise en ménage (mariage, cohabitation), lorsque l'enfant s'émancipe. Selon les cas, ces deux phases peuvent être simultanées ou dissociées, même si pour la plupart, elles se situent dans un intervalle de temps plutôt court, au début de la vie d'adulte. Cette étape correspond assez souvent avec l'entrée sur le marché du travail. Elle amorce une phase de mobilité importante ;

- la naissance des enfants, qui succède le plus souvent à l'étape précédente et clôture cette période de forte mobilité ;

- une troisième étape marquée par le départ à la retraite et qui peut coïncider avec le départ des enfants du foyer parental. Plus qu'une période d'accroissement de la mobilité effective, cette troisième étape est surtout une période de choix, entre rester dans le même logement ou partir vers de nouveaux horizons.

 

Cette description factuelle, si elle correspond parfaitement au schème des parcours migratoire, masque le caractère sélectif de la migration tant socialement que spatialement. Cette sélection et ses conséquences ont été établies pour les migrations des 30-44 ans (Sanderson, 2013). Dans le cadre des migrations de retraite, ce constat a été moins posé, non qu'il n'y ait pas de sélection (Sanderson et Eggerickx, 2006) mais simplement, dans la littérature, notamment démographique, le statut de retraité semble s'ériger en groupe social éliminant de facto les différences, comme si ce nouveau statut aplanissait les classes sociales et en gommait les contrastes. 

L'objectif de ce travail est d'analyser les migrations affectant les parcours résidentiels des 50 ans et plus en s'intéressant aux différences socio-économiques et en analysant dans quelle mesure, celles-ci affectent le choix de migrer et le lieu de destination.

Cette analyse sera réalisée en combinant deux approches :

- la première s'appuiera sur les données du volet belge de l'Enquête « Generations and Gender » et visera spécifiquement à analyser les motivations des individus ayant manifesté leur intention de migrer dans les 3 ans en fonction du groupe social défini à partir de variables comme le niveau d'instruction ;

- la seconde impliquera une exploitation du Registre national et de l'Enquête socio-économique de 2001([1]). Celle-ci permettra d'analyser les migrations réalisées entre 2001 et 2005 au regard de catégories socio-économiques construites à partir des caractéristiques individuelles du recensement de 2001.


([1]) Ce terme d'Enquête socio-économique désigne officiellement le Recensement réalisé en 2001.

 

 

Bibliographie sélective

 

Berger M., Rougé L., Thomann S. et Thouzellier C. (2010), « Vieillir en pavillon : mobilités et ancrages des personnes âgées dans les espaces périurbains d'aires métropolitaines (Toulouse, Paris, Marseille) », Espace populations sociétés, n°1, pp. 53-67.

Bonvalet C., Drosso F., Benguigui F. et Huynh Phuong-Mai (dir.), 2007, Vieillissement de la population et logement : les stratégies résidentielles et patrimoniales. Paris, La Documentation Française. (Actes du séminaire Patrimoine immobilier et retraite organisé par le Ministère de l'Equipement (PUCA)) 509 p.

Bracaval F., 2009, La migration interne des personnes âgées de plus de 50 ans en Belgique, Louvain-la-Neuve, Mémoire de DEA en Démographie.

Caradec V. (2010), « Les comportements résidentiels des retraités. Quelques enseignements du programme de recherche « Vieillissement de la population et habitat » », Espace populations sociétés, 1, pp. 29-40.

Cribier F. et Kych A., 1992, « La migration de retraite des Parisiens : une analyse de la propension au départ », Population, n°3, pp. 677-717.

Jauhiainen J.S. (2009), « Will the retiring baby boomers return to rural periphery? », Journal of rural studies, n°25, pp. 25-34.

Rérat P., Piguet E. et Besson R. (2008), « Les âges de la ville. Mobilité résidentielle, parcours de vie et attractivité des villes suisses », Geographica Helvetica, 4, pp. 261-271.

Sanderson J.P., 2013, « Partir ou rester. Transformation du choix résidentiel en fin d'activité de 1970 à 2006 », Espace, populations et sociétés,

Sanderson J.P., Eggerickx T., 2006, « Migrations des aînés et qualité de vie en Belgique : un vieillissement différentiel des territoires », in G.-F. Dumont (dir.), Les territoires face au vieillissement en France et en Europe. Géographie-Politique-Prospective, Paris, Ellipse, pp. 304-317.

Sebille P., 2009, « Un passage vers l'âge adulte en mutation », in A. Régnier-Loilier (dir.), Portraits de familles. L'enquête Etude des relations familiales et intergénérationnelles, Paris, Ined, pp. 315-340.

Thomsin L., 2001, « Les mobilités de la retraite », in M. Legrand (éd.), La retraite : une révolution silencieuse, Éres, Toulouse, pp. 223- 242.



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